jeudi 5 juin 2014

Le trou des Nutons



Voici une première légende ardennaise. Elle prend place dans le petit village de Volaiville, situé dans la commune de Leglise, en Ardenne belge. 

 

Le trou des Nutons, à Volaiville
Au détour d’un chemin sinueux qui borde aujourd’hui une réserve naturelle, au flanc abrupt d’un coteau boisé, une étroite bande de rochers apparaît soudain sortant du sol et s’étirant en hauteur, presqu’en surplomb. Les énormes blocs cachent l’entrée d’un trou qui s’enfonce secrètement dans le noir.
Dans le temps, en effet, cette cavité était habitée par de curieux petits personnages dont la taille ne dépassait pas trente centimètres, les Nutons. Ces petits nains qui vivaient toujours en groupe, dans les grottes de nos forêts, étaient de précieux amis pour les humains qui gagnaient leur confiance. Lorsqu’ils quittaient leur caverne la nuit, les Nutons ne cherchaient qu’à rendre service. Courageux, travailleurs, habiles de leurs petites mains, ils s’adonnaient volontiers aux actions charitables, mais ne supportaient aucune trahison. L’histoire que voici en témoigne...

C’était une pauvre veuve, elle venait de perdre son mari qui tenait une ferme à Volaiville. Un jour, elle arriva en pleurs devant le trou des Nutons. L’un d’eux sortit et lui demanda quel était son malheur. “Mon homme est mort, mes enfants sont trop petits pour travailler aux champs, et je n’ai pas de quoi payer quelqu’un pour s’occuper de mes terres qui vont à rien...” dit-elle en sanglotant. “Ne pleure plus” répondit le nain, “ce soir, tu mettras la charrue et le grain au bord du premier de tes champs, et tu iras te coucher sans te soucier de rien !”
Le lendemain matin, la veuve trouva son champ fait : les Nutons avaient labouré et semé avec soin d’un bout à l’autre. Ils firent de même avec les autres champs, une nuit après l’autre, et le travail fut si bien fait que jamais on ne vit meilleure récolte au village.
Et cela dura pendant des années, les Nutons s’occupaient toujours des travaux des champs de la veuve. Jusqu’au jour où elle s’entendit avec un fermier voisin, qui la paya pour déposer outils et semences sur un champ à lui... Elle vint donc, au soir tombant, mettre sa charrue et le sac de grains au coin du champ du voisin. Mais il ne se passa rien de toute la nuit, ni pendant la nuit suivante. Les Nutons ne vinrent pas, ils ne vinrent même plus jamais apporter aide à la veuve, ni à personne de Volaiville.

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